vendredi 28 mai 2010

Soleil encore !


Parce que ce soleil-là, il faut le savoir, était arrivé quand bon lui parut à elle. Et tout partait de là. Partait du fait qu’elle avait choisi le jour, l’heure et le lieu. Comme Duchesse à tabouret. Ses désirs comme dans l’ordre du temps. Ses envies comme pendues à ses lèvres. Un carmin pour l’occasion. Un rouge fusion où se faire dorer le sentiment. Et que ça brille ! Et que ça en jette ! Plein les mirettes. De la paillette jusqu’au-dessus des toits brûlants.

L'attente


Un mois est long sauf pris en son centre. A équidistance entre la promesse et l’annonce faite à demi. La nouvelle tombe en l’air sans toucher prise. Advienne que devra. Pourra devenir un temps léger. Un entre-deux soucieux de dire et faire sans jamais attendre plus que de raison. Comme si de saison. Un mois prochain rempli de tout. Un mois d’après vers midi. Paris attendra le retour en double. Soleil que l’on remonte avec. A deux pour le porter jusqu’ici. Puis encore il fera midi. Ailleurs… Ensemble encore ? Sans peur du rien. Sans peur du sans. En route vers la chaleur et les étés sans avec à côté. D’autres y seront mieux accrochés. Ensemble tous avec et sans. En bande. Route qui rejoint ou qui passe près. Qui coupera pour finir un début de tout. Avec tous. Et avec. Du bonheur en somme des quatre côtés. Isolée celle qui attend en couvant l’idée d’un midi avec ensemble à deux. Paris comme un centre à rayon variable entre tous.

lundi 10 mai 2010

Jour J


Debout, devant la glace, les yeux fermés. Pas encore tout entière habillée. Les mains dans les poches. Elle pleure, finalement. Elle n’a pas entendu ce dont elle rêve. Elle n’a pas entendu le bruissement d’un bouquet. Elle n’a pas entendu « je t’aime ». Elle n’a pas entendu « je voudrais être là ». Elle a entendu qu’elle resterait seule et ne serait pas comblée. Comme un couperet tombe, la phrase résonne. Elle l’entend qui surgit sans fin comme si du miroir éteint pourtant. Justement ce jour-là. Ce jour à rubans. Et pourquoi pas Princesse ? Pourquoi pas elle pour lui ? Sa tristesse éloigne. Cet homme. Son amour. Soufflée, la grâce d’un jour de naissance. Phrases assassines, elle lapidée, crashée, crachée comme on se débarrasse de ce que l’on ne peut garder dedans au chaud. A l’abri. La voilà produite au jour du futur qui fait peur. Pas parti, il dit des jours de retour qui s’éloignent de mieux en mieux. Comme s’échapper d’elle. Ce jour de la naissance. Le fauteuil, le chat, le thé, ne sont pas d’un secours. C’est son jour à rubans. A elle. A elle toute seule très toute seule. Perdue dans le futur. Que ne pas faire ? Lister les faire et les jeter. Loin ! Se vêtir en protection du futur. Partir. Utiliser l’enveloppe intacte et y trimballer l’ensemble enfoui pour elle seule très toute seule. Balader le corps comme un scaphandre poli. Camoufler les ratés. Touchée-coulée-remontée au futur. Ni vue ni pourvue. Déboucher sur le reste de la vide suite qui envahit malgré. Plier les années, les passer sous vide de silence. Où les cacher ? Les disparaître et s’aliéner ? Les recopier plus tard au propre, sans les fautes de frappes. Sans les fautes de phrases. Sans les fautes de phare du bord de la mère et du père. Fanal qui fait mal. Le temps perd. Le futur erre. Il est là sans les rubans. Un bruissement de chat vaudra les fleurs. Pas le mot qu’il n’a pas dit aujourd’hui. Rien ne remplace. Pas non plus les bras si loin. Tellement à d’autres. Et ailleurs aussi. Et loin d’elle seule très toute seule.

jeudi 6 mai 2010

De travers


Planait toujours cette vieille idée qu’elle était tombée amoureuse de travers. Voire en vrac. Tombée tout court. Sur lui comme s’il était un autre. En biais parce que pas la place pour elle tout entière. Il avait fallu s’immiscer. L’ampleur du sentiment avait finalement craquelé la patine. Rayé le vernis. Elle réparait parfois à coups de peau lisse. Il était la crème des hommes, mais la membrane avait séché puis cédé. Pas la place. C’est complet. Un strapontin avait longtemps fait l’affaire. Elle en avait usé le doux velours. Elle en voyait désormais la trame. Salie. Le rouge avait viré au noir. Ambiance eau croupie. Le bois avait pourri aussi. Crac. Par terre. Elle finirait à pied, pas la peine de la déposer. Elle avait mal aux chaussures trop petites pour elle. Pas les siennes. Lui fallait une autre pointure sinon ça brûle. Dernière paire. Coûte que coûte. Pas sa taille. Et jolie couleur. Du beau cuir. Pourtant… Va falloir circuler, ma p’tite dame. C’est complet. Tenue correcte exigée. Pansements interdits. Même en cas de cœur aux pieds. Circulez. Encore cette fois elle courrait. Pieds nus après les pompes. Le cœur en laisse. Ecorché contre la chaussée. Ratatiné pour que ça rentre. C’est complet ! Un troisième balcon, s’il vous plaît. Elle acceptait de voir de loin mais de haut. Plus haut que ces minuscule chaussures de tout petit. Très haut bien à plat sur ses pieds. Stabilisée. A sa taille. Grande. La tête en dehors du décor. Le lorgnon qui penche vers dedans. Qui grossit la chaussure. La transforme pour trois. Mais non. C’est complet. Les coutures finiraient par lâcher. Plus rien pour retenir. Pas même un lacet. Pas même enlacée : c’est complet. Il n’avait que deux bras et une paire de chaussures trop petites pour elle.