jeudi 18 mars 2010

Tunnel


Elle était parvenue à se caler sur un strapontin entre une grosse dame à cabas et la paroi du vieux métro. Ne pas bouger.

Elle tâcha un temps de se concentrer sur son voyage. Quelle station ensuite ? Combien avant de se désincruster de là ? Elle opéra ainsi une simili maîtrise sur son propre esprit. Deux minutes. Deux minutes d’emprise sur la bestiole et patatras. Elle dessina mentalement son visage si beau et pourtant si dur. Si brun. Si loin. Ne pas pleurer.

Elle avait imaginé les promesses, les avaient inventées. Devinées ? Seulement créées. Sa présence ? Ses visites ? Ses caresses ? Ses appels ? Ses mots ? Des faits. S’en tenir aux faits. Ne pas pleurer.

Baladée dans le tunnel, elle songea qu’elle s’était finalement investie seule dans cette histoire. Elle s’y était abandonnée. Confiante. Bercée de promesses non établies. Rêvées. Imaginées. Ne pas pleurer.

Elle en était là de ses manipulations mentales quand son métro stoppa dans la station finale. Extraction d’entre les autres. Elle demeura un instant seule sur le quai. S’était-elle investie à perte ? Ne pas pleurer.

En remontant à la surface elle accepta d’avoir eu tort de vouloir dominer la trajectoire de cette histoire. Les promesses imaginées figuraient des balises qu’elle semait ça et là autour de ses attentes. Ses certitudes. Illusions.

Que n’avait-elle finalement jamais cessé de réclamer ? Des preuves d’amour ? Un engagement ? Plutôt un droit à l’existence. Dans ses yeux à lui qui se serait reflété en elle. Qu’avait-elle attendu de lui qu’elle n’avait pas reçu de qui ?

La certitude d’être aimable. Ne pas pleurer.


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