lundi 10 mai 2010

Jour J


Debout, devant la glace, les yeux fermés. Pas encore tout entière habillée. Les mains dans les poches. Elle pleure, finalement. Elle n’a pas entendu ce dont elle rêve. Elle n’a pas entendu le bruissement d’un bouquet. Elle n’a pas entendu « je t’aime ». Elle n’a pas entendu « je voudrais être là ». Elle a entendu qu’elle resterait seule et ne serait pas comblée. Comme un couperet tombe, la phrase résonne. Elle l’entend qui surgit sans fin comme si du miroir éteint pourtant. Justement ce jour-là. Ce jour à rubans. Et pourquoi pas Princesse ? Pourquoi pas elle pour lui ? Sa tristesse éloigne. Cet homme. Son amour. Soufflée, la grâce d’un jour de naissance. Phrases assassines, elle lapidée, crashée, crachée comme on se débarrasse de ce que l’on ne peut garder dedans au chaud. A l’abri. La voilà produite au jour du futur qui fait peur. Pas parti, il dit des jours de retour qui s’éloignent de mieux en mieux. Comme s’échapper d’elle. Ce jour de la naissance. Le fauteuil, le chat, le thé, ne sont pas d’un secours. C’est son jour à rubans. A elle. A elle toute seule très toute seule. Perdue dans le futur. Que ne pas faire ? Lister les faire et les jeter. Loin ! Se vêtir en protection du futur. Partir. Utiliser l’enveloppe intacte et y trimballer l’ensemble enfoui pour elle seule très toute seule. Balader le corps comme un scaphandre poli. Camoufler les ratés. Touchée-coulée-remontée au futur. Ni vue ni pourvue. Déboucher sur le reste de la vide suite qui envahit malgré. Plier les années, les passer sous vide de silence. Où les cacher ? Les disparaître et s’aliéner ? Les recopier plus tard au propre, sans les fautes de frappes. Sans les fautes de phrases. Sans les fautes de phare du bord de la mère et du père. Fanal qui fait mal. Le temps perd. Le futur erre. Il est là sans les rubans. Un bruissement de chat vaudra les fleurs. Pas le mot qu’il n’a pas dit aujourd’hui. Rien ne remplace. Pas non plus les bras si loin. Tellement à d’autres. Et ailleurs aussi. Et loin d’elle seule très toute seule.

2 commentaires:

  1. L'anniversaire désastreux, je connais! Depuis des années... Et je fais de mieux en mieux tous les ans. Cette année vu que ça ne pouvait pas être pire, le prochain sera magnifique!
    L'esprit me poussant plutôt à la déprime, mon corps à pris le relai... Et 8 jours après mes 35 ans a décidé de créer.
    Ton acte de création à toi va t'apporter la fierté, des amis, un amour qui sait? Merci pour ces textes.

    RépondreSupprimer