jeudi 22 juillet 2010

Chartier (sept ensuite)


Episode 7

L’infirmière était jolie et Jean-Marc en colère. Deux mois sans pouvoir me joindre et le voilà tout chose ! L’entêté a forcé ma porte à l’aide d’un ami serrurier. Ambulance.

Nous étions le lendemain du jour et j’étais sorti d’affaire. M’en restait une à régler. La fille. Partie.

Le sauveteur Jean-Marc m’a traîné de bonnes tables en belles expositions, de cinémas en théâtres… Etre totalement pris en charge a été une aubaine. La privation de moments de solitude annule les pensées encombrantes. Mon ami, la bouffe et l’art ont rempli mes jours et mon esprit rabougri.

Petit à petit s’est amenuisé en moi l’idée-même de la fille. De moins en moins précisément s’est dessiné en moi son visage. Ses traits ont fui. Disparu presque. Sa voix s‘est finalement tue. Jean-Marc avait effacé LE numéro de téléphone. Son geste m’a d’abord jeté dans une rage que je suis parvenu à traverser sans trop de casse. Un coup de poing bien senti en réponse aux miens. Un bleu. Rien de grave.

Je me suis peu à peu fait à l’idée que mon ami, la bouffe et l’art seraient là toujours. Je me suis peu à peu fait à l’idée que ce n’était déjà pas si mal. Il y aurait d’autres filles. Cette dernière réplique est de Jean-Marc…

Je n’ai pas pleuré. Je me suis abreuvé de spectacles à la mode et pas, de films frais sortis, de dîners entourés. Du monde partout. Du monde autour. Jamais longtemps seul. Jamais assez pour penser ni pleurer.

La vie est pratique. Le temps qui la fait s’arrange de nos chagrins et les range. Le mien s’est éloigné aussi. La vie et le travail que j’ai repris en grand m’ont permis de reprendre un allant qui m’allait bien.

J’ai découvert la vie et Paris. J’ai récupéré du plaisir et mon quartier. Les rues, le marché, les cafés ensoleillés… J’ai arpenté mes journées et dormi mes nuits d’un trait. Mon travail a repris en mains ce que je suis redevenu. Tout a repris sa place. Etat de grâce.

Les rendez-vous, les coups de fil, les déjeuners d’affaire, les conférences de presses… La roue tourne et ma vie avec. Mon quotidien m’a souri et moi aussi. Petit à petit.

Quelques jolies pigistes m’ont souri aussi, de nuit.

J’étais ce jour-là dans mon appartement, devant un communiqué en chantier sur écran. Sonnerie de téléphone. Numéro inconnu. Allô ?

« Bonjour… C’est La Fille. »

A suivre...

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