mercredi 8 septembre 2010

Chartier (dixième)


Episode 10

Cette absence-là, cette fois, a creusé un béant tellement grand qu’il s’est empli de tout ce que je ne soupçonnais plus. De la vie en plein. Des certitudes à fleurs. Une évidence ne vient jamais seule, aussi a-t-elle apporté tout son lot de que-m’est-il-arrivé-depuis-tant-d’années-?

Du futile et du sublimement beau ont pris le pas sur un sentiment tel que tronqué par nature. Je me suis aperçue que ma vie tournait depuis un trop long moment autour d’un presque rien comme néant. Des frissons, certes. Des bonds dans l’âme. Mais quoi, au fond ?

Oui, j’aurais pu, cette fois encore, courir après. A en casser les vagues…

Comme guidée par un Proudhon de haute voltige, je me suis comme affranchie de ma propre vie d’à peu près. Je me suis jetée dans ce vide qui tellement me donnait peur auparavant. La première surprise, je me suis reconnue en moi.

Légère d’un coup de machette, je me suis enivrée de tout ce qui m’avait faite avant lui. L’éloignement comme un couperet. Une Amas-zonie de lianes entrelacées, soudain tranchées pour laisser passer la lumière.

Force est d’admettre que je n’ai pas moi-même décidé le point de départ du reste de la vie. Cependant, plus que subi, l’instant est accueilli tel un cadeau que l’on s’offre entre vieux amants de toujours quand plus rien ne tient. A la voix humaine d’un Cocteau, je préfère notre Cupidon régisseur aux farces étonnantes, aux fins surprenantes.

Néanmoins, j’ai accepté - d’une colère encore palpable - une entrevue pour passation de pouvoirs. Et c’est le cœur net que j’ai décrété que ce serait la der des ders. Sortie en trombe d’un champ de bataille comme une histoire qui n’a pas su être aussi jolie que prometteuse. Les marionnettistes ont échoué. Les fils se sont emmêlés, ont cédé la place au mieux sans.

La force de dévoiler ma révolution m’a fait défaut. C’est bouche bée que je l’ai quitté.

Au fond, j’aurais voulu disserter. J’aurais voulu démontrer. Seulement, on explique mal un CQFD lorsqu’il n’a pas été nécessaire de fouiller les formules pour trouver. Comme évidente encore, la solution est imposée à tous comme à moi la première. Sans savoir comment, ni où, dans quels méandres intérieurs… Elle s’est trouvée là, belle, pleine et entière. Je n’ai pu que la taire.

A suivre...

4 commentaires:

  1. Citation : " Comme guidée par un Proudhon de haute voltige "
    Tu parles de l'anarchiste ?

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  2. La suite est consignée dans un cahier. Une panne de matériel nous contraint d'attendre encore...

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